Manuel de l’antique pèlerinage de DOUMY 

SUITE   4

Bientôt  après  Quiterie  fe  fépara  de  cette  troupe  de  Chrétiens,  qui  la fuivoient, & prit fa route vers les Gaules. Ayant paffé les Monts-Pyrénées, elle s’arrêta quelque-temps en Béarn dans un défert, où eft à préfent le Village de Domy, où les Fidelles ont bâti dans la fuite un Oratoire en fon honneur,  pour  folemnifer  fa  mémoire.  Il  fort  une  fontaine  de  deffous l’Autel,  qui  coule  en  dehors  vers le midi,  dont l’eau a fait  beaucoup de miracles, par la vertu que Dieu y a attaché  & par  l’interceffion de Sainte Quiterie,   autrefois   cette   Chapelle  étoit   célèvre  par  le  concours   des Fidelles  qui  s’y  rendoient  le  jour  de  la  Fête,  &  les  Paroiffes  voifines  y alloient en Proceffion, mais on les a défendues à caufe du peu de refpect qu’on avoit pour ce St. lieu, qui tournoit au mépris de la Religion.
Enfuite la Sainte étant fortie de ce lieu, s’en alla vers la ville d’Aire dans la Novempopulanie,   qui   dépendoit   auffi   de   l’Empire   Romain,   où  l’on préfécutoit auffi les Chrétiens, elle y fut arrêtée & on lui trancha la tête ; les Fidelles l’enfevélirent honnorablement.
Sur quoi les Efpagnols fe trompent en difant qu’elle fut condamnée par fon père, d’avoir la tête tranchée, ils avancent cela fans aucune preuve. Mais Alfonfe, Vilegas & autres Auteurs véridiques foutiennent que Ste. Quiterie  ayant  paffé  dans  les  Gaules,  elle  fouffrit le martyre  dans  la Novempopulanie,  au  Diocèfe  d’Aire,  que  les  Auteurs  latins  appellent Adurenfis : & les Efpagnols Adure ; il prouve fa prétention :
1°. Par la Pierre Sépulchrale qui eft fut le tombeau de Ste. Quiterie, qu’on voit encore dans d’Eglife de St. Pierre appartenant aux Religieux de St. Benoit.
2°. Par la Fontaine miraculeufe qui fait tous les ans l’admiration du peuple, qui va en concours à la Fête de la Sainte en dévotion.
3°. Par  les  guérifons  que  Dieu  y a opéré,  &  autres  circonftances  qui  fe vérifient à la lettre avec les Villes du pays, enforte qu’il n’y a aucun doute, que l’opinion de Vilegas eft la plus affurée & préférable à toute autre.
On regarde en Efpagne  Ste. Quiterie  comme  l’Avocate  de  ceux  qui  font attaqués de la rage, & croyent qu’en fe lavant dans l’eau de la Fontaine où eft l’oratoire en fon honneur, & des neuvaines qu’on y fait, ils guériffent ou en font préfervés.
Enfin la vie de Ste. Quiterie eft un modèle de vertus, elle travailloit, elle méditoit,  prioit,  jeûnoit  &  fe  mortifioit,  pour  imiter  les  fouffrances  du Sauveur, auffi elle fût un Difciple fidelle de ce divin Rédempteur, & mérita le don de faire des miracles, & des guérifons furprenantes, elle portoit dans fon cœur la Croix fur laquelle le Sauveur avoit verfé fon Sang pour les pécheurs, fon humilité éminente, fa charité & fon amour pour Dieu, lui ont mérité le bonheur éternel, & la couronne du martyre, l’a mife au rang des Saints qui ont verfé leur fang pour Jefus-Chrift, plaife au Seigneur que nous puiffions l’imiter en fes vertus pour arriver au même bonheur. Ainfi foit-il.

                                         Prière à Ste. Quiterie

Bienheureufe Ste. Quiterie, qui avez mérité la gloire éternelle, par votre pureté, par vos fouffrances & par votre charité envers Dieu & le prochain,  priez Notre Seigneur Jefus-Chrift de nous accorder la grace d’imiter vos vertus,  intercedez pour nous auprès de Dieu, afin qu’il nous délivre de nos maux corporels & fpirituels, & que nous puiffions fervir ce même Dieu de cœur & d’efprit. Ainfi foit-il.