Christianisation du Sud-Ouest de la Gaule

Les peuples Tarusates  (région d’Aire-sur-l’Adour) comme la plupart des peuples pré aquitains adoraient, depuis la nuit des temps, le dieu Mars Lelhunnus : de nombreux autels furent découverts près de la colline du Mas et une fontaine vénérée révèle bien le caractère sacré de ces lieux.

Les premières traces de christianisation apparaissent d’abord dans les grands centres urbains : Eauze, Aire, Lescar

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Les témoignages les plus anciens que l’on peut retrouver aujourd’hui sont : les tombes sépulcrales, les sarcophages, les nécropoles, les premières chapelles dans les villae  gallo-romaines, les chrismes

C’est à Eauze que l’on trouve la trace la plus ancienne d’une christianisation en milieu urbain ou a été mise à jour l’épitaphe du prêtre Pacrolus et de Valeria Severa datée de 347. A Aire et Auch, des sarcophages  imités des modèles romains sont de la première moitié du IVème siècle.

A Aire, avant la construction de la crypte romane de l’église du Mas, ont étés découvertes les traces d’un mausolée antique, sans doute privé, réservé aux sarcophages d’une grande famille locale. Ce mausolée a pu être construit comme écrin au sarcophage de Quitterie. Il attesterait alors de la conversion au christianisme des élites de cette cité et en constituerait, à ce jour, le plus ancien témoignage pour cette partie de l’Aquitaine (3).Au concile d’Arles en 314 seul l’évêque d’Eauze représente toute la Novempopulanie 

Au concile d’Agde en 506 les 11 cités sont représentées : Eauze, Auch, Lectoure, Bazas, Aire, Dax, Lescar, Oloron, Bigorre, St Bertrand de Comminges, St Dizier.

.En milieu rural, c’est le sarcophage de l’église St Vincent de Lucq-de-Béarn, de la seconde moitié du IVème siècle, qui est la trace la plus ancienne de la christianisation des campagnes de Novempopulanie(4).

Autre témoignage : Le texte des pèlerins en Terre Sainte « Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem » de 333 évoque l’existence de lieux saints dans les provinces traversées du sud de la France.

Ce sont aux croisements de voies de communication ou à proximité de celles-ci que sont construites les villaes  Gallo-Romaines parfois somptueuses. C’est à l’intérieur de ces villae c’est à dire en terrain privé, que l’on trouve les premiers oratoires chrétiens et le canon 21 du concile d’Agde de 506 « reconnaît la légitimité de ces oratoires, sous réserve que chacun se rende dans l’église de la cité ou dans sa paroisse lors des principales fêtes du calendrier liturgique »(4). Mais les évêques mettent tout en œuvre pour conserver leur autorité sur ces édifices et leurs desservants. Des témoignages textuels du début du VIème siècle nous précisent que le nombre de chapelles rurales a été multiplié à l’initiative des propriétaires terriens qui sont parfois eux-même membre du clergé. Parmi les exemples illustrant ce propos, nous pouvons citer la villa de Séviac (Gers)

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Nous remarquons que dés la fin du Véme une salle est réutilisée à des fins liturgiques. Une cuve baptismale est également présente à Séviac (4).

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Autre exemple plus près de nous : la villae de Lalonquette construite sous le règne de Tibère (Ier siècle), connaît plusieurs phases d’aménagement et notamment au IVème ou un édifice cultuel y a été intégré et confirmé dans sa fonction religieuse par la présence d’une base d’autel(4).

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Le long de l’itinéraire d’Antonin, vers les Pyrénées, se trouve l’Oppidum Nouum. Au pied d’un éperon rocheux à été découverte une petite basilique funéraire entourée de sarcophages attribuables au Vème –VIème siècle. La construction de l’édifice peut être de la même époque.  C’est au cours de la démolition de l’église romane St Pierre, place Peyremale à Lourdes que cette découverte a eu lieu. D’autres vestiges d’églises de la même époque ont été également mis à jour non loin de là à Tarbes et Maubourguet(4).

Eh le sarcophage dit de Ste Quitterie de l’église du Mas d’Aire-sur-l’Adour a-t-il été réalisé pour elle ? Tous les avis convergent sur quelques points : Il est bien du Vème siècle en marbre de facture romaine et réalisé par des mains chrétiennes, pour une personne de très haut rang. Mais, c’est ici que les divergences apparaissent : s’agit-il de Quitterie ou était-il destiné à quelqu’un d’autre ? Le petit personnage au centre de la face avant est-il Quitterie ?                                                                                                                                     Voici la version de Mme Mussot-Goulard dans son livre Quitterie Sainte et gothe : « Entre le victorieux Daniel largement déployé et le Bon Pasteur, une toute jeune personne au fin visage entouré de boucles apparaît timidement sur la cuve du sarcophage. La main droite posée sur son cœur, vêtue de long comme toutes les femmes, présentée par les deux mains largement tutélaires d’une personne qui se devine derrière elle (l’Ange ? Sa mère ? Marie ?), elle présente un maintien sage. Elle est le seul personnage dont la taille n’est identique qu’à celle de Jésus, avec qui elle partage aussi le geste de la main droite reposant sur son cœur. Tout pèlerin peut y voir Quitterie, placée parmi les miraculés et les saints aimés de Dieu. Oui, ce petit visage sérieux, confiant, modeste, intemporel, correspond bien à ce que sa Passion et son temps font connaître d’elle : Sponsa Christi »

Voici maintenant la version de J. Cabanot, G.Fabre et F. Legrand dans leur recueil Aire-sur-l’Adour église et abbaye du Mas: « Au centre géométrique et symbolique de ce panneau campe le Bon Pasteur, portant une tunique courte retenue par une ceinture. Il tient la brebis sur ses épaules et en retient les pattes entre ses mains. L’animal, tout comme le Bon Berger, regarde vers la gauche du panneau et abaisse son regard jusqu’à une toute jeune fille drapée jusqu’aux pieds, aux cheveux savamment « crantés », et qui porte la main à la poitrine, en signe de modestie. Sa place centrale, à la droite du Christ, l’indique comme étant vraisemblablement la défunte à laquelle tardivement et de manière erronée on a assimilé Quitterie ».

Nous attendrons maintenant de nouvelles recherches, mais aurons nous un jour la réponse ?

Outre les évêques et les puissants laïques, les ermites « dont la vie est en conformité avec le message délivré » ont très certainement joué un rôle significatif dans la conversion de la paysannerieEn complément des données disponibles concernant les édifices cultuels, les découvertes de monuments funéraires et objets à décor chrétien aident à mieux percevoir ce premier essaimage d’une nouvelle spiritualité en zone rurale. D’assez nombreuses trouvailles, souvent anciennes et privées de leur contexte archéologique, témoignent ainsi dés le Vème et VIème siècle de la diffusion d’une iconographie ou de références chrétiennes. On compte ainsi plus de dix sarcophages produits dans le Sud-Ouest, pour la plupart ornés de chrismes ou, plus rarement de scènes historiées. Le chrisme est parfois présent également sur les sites d’habitat, au travers des objets de la vie quotidienne que sont les céramiques et lampes à huile. Enfin, le mobilier de parure associé aux inhumations habillées du VIIème siècle fournit quelques exemples d’iconographie chrétienne.

Il n’est pas incongru d’imaginer que Quitterie, au cours de ses voyages en Aquitanie, est rencontré et priée avec les communautés locales, en ces lieux, souvent privés, dont il reste encore des traces aujourd’hui.

 

Evènements et personnages de cette époque dans notre région:

 Concile d’Arles en 314 Convoqué par l’empereur Constantin 1er réuni seulement 16 èvêques

 Concile d’Agde en 506 convoqué sous le roi arien Wisigoth Alaric II. S’y réunirent les évêques et représentants des six provinces du royaume d’Alaric. Etaient présents Galactoire évêque de Lescar, Grat évêque d’Oloron, Gratianus évêque de Dax, Clair évêque d’Auch et de nombreux représentants des évêques de Tarbes et d’Aire.

Saint Julien : Au début du Vème  siècle ; Julien fut envoyé à Beneharnum, (Lescar) un des chefs-lieux de l’Aquitaine romaine pour prêcher et fonder un diocèse. Récit écrit dans le Bréviaire de Lescar (1541) : Dans la ville de Trève était un très saint homme, du nom de Léonce, évêque de cette cité, lequel, sachant les Gaules adonnées au culte des démons, s’adressa au P. Julien qui l’assistait et l’envoya dans cette contrée. Léonce, qui devint évêque de Bordeaux après la chute de l’Empire envoya donc Julien s’occuper des communautés chrétiennes en Béarn pour annoncer la « véritable religion ». Il fallut que Julien combatte non seulement un « culte des démons » (sans doute l’idolâtrie) mais surtout le paganisme et l’arianisme.

Saint Galatoire évêque de Lescar au début du VIe siècle (Sans doute successeur de St Julien). Au cours d’un déplacement dans les Landes où il devait rencontrer l’évêque de Bordeaux, il fut mis à mort par une horde de Goths à Mimizan en 507, alors que ceux-ci se repliaient vers l’Espagne après avoir étés mis en déroute par l’armée des Francs à Vouillé.

Saint Grat naquit à Lichos (Soule) pendant le règne d’Euric. Malgré de nombreuses persécutions, il demeure fidèle à la religion Nicéenne. Ses exemples et ses exhortations soutinrent grand nombre de catholiques dans la foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. Il devint évêque par les suffrages du clergé et du peuple, dès que l’avènement d’Alaric II eût rendu une certaine liberté aux églises. Il sut protéger la communauté catholique contre la contagion de l’hérésie jusqu’à ce que Clovis marcha contre les Wisigoth, résolu d’étendre l’unité religieuse et politique jusqu’aux sommets des Pyrénées.